me fit entrer dans une chambre à coucher où je m’écriai tout de suite :
— La chambre bleue !
— Comment ! dit-il en souriant, vous vous souvenez assez bien de mon histoire, mes descriptions sommaires vous ont assez frappé pour que vous reconnaissiez des choses que vous n’avez jamais vues !
— Mon cher ami, votre histoire m’a tellement impressionné que je me suis amusé à l’écrire à mes moments perdus, en changeant tous les noms. Je vous la lirai, et, si mes souvenirs manquent d’exactitude, si j’ai altéré la couleur, vous corrigerez, vous rectifierez, vous changerez ; je vous laisserai le manuscrit.
Il me dit que je lui ferais le plus grand plaisir.
— C’est donc là, repris-je, la fameuse chambre bleue ?
— C’est une copie aussi exacte que me l’ont permis mes propres souvenirs.
— Vous êtes donc redevenu amoureux de la belle inconnue ?
— Mon ami, la belle inconnue est morte ; tout est mort dans le roman de ma vie.