Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/235

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— Mais la fameuse troupe, Bellamare, Léon, Moranbois… et celle que je n’ose nommer ?…

— Ils sont tous morts pour moi. Absents, en Amérique, je ne sais où ; Impéria, ayant perdu son père, les avait suivis au Canada, où ils étaient encore il y a six mois. Bellamare m’écrivait qu’il serait en mesure, à son retour, de me rendre mon argent. Tout le monde se portait bien. Ne parlons pas d’eux ; cela me trouble un peu, et je suis peut-être en train d’oublier…

— Dieu le veuille ! C’est ce qu’avant tout je désire pour vous ; mais cette chambre bleue, c’est un souvenir que vous avez voulu, que vous voulez garder ?

— Oui ; quand j’ai su que mon inconnue n’était plus, son souvenir m’a repincé le cœur, et, comme un grand enfant que je suis, j’ai voulu élever ce monument intime à sa mémoire. Vous vous souvenez que cette chambre bleue n’était pas plus la sienne que la maison renaissance où j’étais entré par mégarde. Cette demeure charmante, poétisée pour moi par une gracieuse et bienveillante apparition, n’en était pas moins le seul cadre où je pusse évoquer son image voilée. J’ai copié la