Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/24

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cun bruit, parce que le vent commençait à tomber, et que, si nous étions du côté d’Almissa, dont l’archipel était infesté de pirates, nous les attirerions et serions infailliblement pillés et massacrés. Il fallait attendre le jour, ces brigands n’étaient hardis que la nuit.

— Comment ! s’écria Léon indigné, nous sommes ici dix hommes plus ou moins armés, et vous croyez que nous craignons les écumeurs de mer ? Allons donc ! cherchez vos outils, vite, et mettons-nous à l’œuvre. Si vous refusez de nous aider, voici un des nôtres qui nous dirigera, et on se passera de vous.

Il désignait Moranbois, qui avait assez longtemps vécu sur le port de Toulon pour avoir des notions suffisantes, et qui se mit à l’œuvre sans attendre l’assentiment du patron. Léon, Lambesq, Marco et moi, nous prîmes ses ordres et travaillâmes avec activité, tandis que Bellamare s’occupait de rassembler et de charger les armes. Il pensait que les craintes du patron n’étaient pas tout à fait illusoires, et que notre naufrage pourrait bien attirer les bandits de la côte, si nous nous trouvions loin d’un port.