Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/248

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qu’elle vivait absolument seule avec une vieille gouvernante, une cuisinière et un domestique, ne connaissant ou ne voulant encore connaître personne aux environs, passant ses matinées à la promenade et ses soirées à broder ou à lire.

Saint-Vandrille est, comme Jumiéges, une vaste ruine dans un petit enclos. Vous connaissez sans doute Jumiéges. Si vous ne le connaissez pas, figurez-vous l’église de Saint-Sulpice ruinée, éventrée, au milieu d’un joli jardin anglais, dont les allées sablées circulent à travers de beaux gazons sous des arcades à jour tapissées de lierre et enguirlandées de plantes folles. Les deux tours monumentales de l’église dressent leurs squelettes blancs comme de vieux os sur le beau ciel normand, si riche de couleur quand le soleil perce ses brumes. Des volées d’oiseaux de proie jettent de grands cris rauques en voletant sans cesse autour de ces donjons à jour, dont la dentelle protège leurs nids. Au bas des grandes murailles de la nef découverte croissent des arbres magnifiques et des buissons pleins de grâce. Dans un reste des anciens bâtiments de service, le propriétaire actuel, homme de science et de goût, s’est arrangé une