Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/25

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Le patron nous regarda faire. La perte de ses marchandises l’avait complètement démoralisé. Craignant la mer beaucoup moins que les hommes, il se lamentait de nous voir allumer la torche et frapper à grand bruit sur les débris de l’Alcyon.

— Il ne faut pas nous mettre le doigt dans l’œil, me dit Moranbois ; avec ce méchant bout de tablier et ces épaves détestables nous ne ferons pas un radeau pour quinze personnes ; si nous pouvons en loger quatre, ce sera le bout du monde. Allons toujours, le radeau ne logeât-il que moi, je vous réponds de m’en servir pour aller chercher du secours.

Dans un moment de répit, je courus voir ce que devenaient les femmes. Serrées comme des oiseaux dans le nid, elles grelottaient de froide tandis que nous étions en sueur. Je les engageai à marcher, aucune ne s’en sentit le courage, et, pour la première fois, je vis Impéria abattue.

— Est-ce possible, vous ? lui dis-je.

Elle me répondit :

— Je pense à mon père ; si nous ne réussissons pas à sortir d’ici, qui le nourrira ?

— Moi, repris-je en déclamant une réplique tirée