Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/261

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Je ne fis donc pas la cour à madame de Valdère, je ne la lui fais pas ; mais je la vois souvent, et je l’aime. Il me semble qu’elle m’aime aussi. Peut-être suis-je un fat, peut-être n’a-t-elle pour moi que de l’amitié, — comme Impéria ! C’est peut-être ma destinée d’inspirer l’amitié. C’est doux, c’est pur, c’est charmant, mais cela ne suffit pas. Je commence à m’irriter de cette confiance dans ma loyauté, qui n’est pas si réelle qu’elle le paraît, puisqu’elle me coûte. Et voilà où j’en suis ! Amoureux timide et méfiant, impatient et craintif, parce que… parce que, faut-il tout vous dire ? j’ai autant de peur d’être aimé que de peur de ne pas l’être. Je vois que j’ai affaire à une femme foncièrement honnête, qui ne comprendrait pas un amour de passage quand elle peut m’appartenir à jamais. J’aspire au bonheur de posséder une telle femme et de l’aimer toujours, comme je me sais capable d’aimer. Il ne tient qu’à moi de lui donner cette confiance en lui exprimant une passion vraie, et je reste là depuis bientôt deux mois comme un écolier qui craint de se laisser deviner et qui craint qu’on ne le devine pas. Pourquoi, me direz-vous ?…