Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/287

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un éternel tirage. Encore quelques années, tout en riant et chantant, elle succombera à la peine ; c’est comme ça que nous finissons, nous autres ! — et voilà qu’elle peut avoir cent mille livres de rente et un mari excellent, charmant, qui l’aime toujours, qui sera heureux de la rendre heureuse. Et je le lui cacherais ! Non. Je ne dois pas, je ne veux pas. Je veux voir madame de Valdère, car je lui avais juré autrefois de servir sa cause. Il faut qu elle sache que je l’abandonne, que je dois l’abandonner. C’est une femme d’un très-grand cœur, je le sais ; je l’ai revue plus d’une fois depuis l’aventure de Blois, et j’avais toujours cru pouvoir lui donner de l’espérance. Tout est changé depuis l’époque où Impéria a congédié Laurence avec une douleur qu’il lui était impossible de me cacher. C’est à cette époque-là que nous sommes partis pour l’Amérique. Je n’ai donc pas revu la comtesse. Elle voyageait. Je ne savais où lui écrire. Il faut qu’elle sache tout, et que, dans sa suprême délicatesse, elle prononce. Quant à moi, ce qu’il y a de certain, c’est que je ne peux pas tromper Impéria et que je ne le veux pas. Après cela, que ces deux femmes se disputent le cœur de mon ancien jeune