Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/291

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— Et comment le saurons-nous ? dit Bellamare, qui était retombé dans ses perplexités. Qui peut lire dans l’avenir ? Celle qui le rendra le plus heureux sera celle qui l’aimera le plus.

— Non, répondit madame de Valdère, car celle qui l’aimera le plus sera celle qui se sacrifiera. Écoutez, il faut sortir de cette impasse, je veux voir Impéria, je veux qu’elle s’explique ; j’ai le droit de préserver Laurence d’une nouvelle douleur, si elle l’aime peu ou point.

— Comment arranger tout cela sans qu’il s’en aperçoive ? dit Bellamare. N’est-il pas tous les jours chez vous ?

— J’ai en ce moment tout empire sur lui, répondit la comtesse. Il m’a suppliée hier de fixer le jour de notre mariage. Je vais l’envoyer à Paris chercher mes papiers. J’aviserai mon notaire, par dépêche télégraphique, de les lui faire attendre quelques jours. Allez à Rouen chercher Impéria, et jurez-moi que vous ne lui direz rien encore. C’est par moi, par moi seule qu’elle doit apprendre la vérité.

Bellamare jura et repartit à l’instant même ; j’allai éveiller Laurent, qui courut aussitôt chez celle