Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/96

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Colinet et que son maître avait surnommé Meta, moitié d’homme, eût volontiers bavardé toute la nuit ; mais le prince rentra et nous emmena prendre le café dans son salon, qui était délicieusement arrangé dans un goût bas-empire très-intéressant. Il nous montra tout l’appartement, — sa chambre à coucher, décorée à la française, avec un lit français où il ne couchait pas, préférant s’étendre sur une peau d’ours en hiver et sur une natte en été, — son boudoir et son cabinet de travail. Ces pièces étaient riches, dorées sur toutes les coutures, mais sans caractère ni confortable sérieux. Nous préférâmes rester dans le salon oriental, où nous attendaient de superbes chibouques et des cigares détestables ; mais le café épais commençait à nous paraître délicieux. On s’y fait, et le rude marasquin du pays ne nous parut plus si terrible qu’au commencement.

Le prince s’en abreuva de manière à tomber dans une torpeur qui ressemblait beaucoup au sommeil ; Impéria prit sa guipure ; Régine, avisant des cartes, défia Moranbois au besigue ; Bellamare défia Léon aux échecs ; Lambesq prit un numéro du Siècle qui avait trois semaines de date, et Marco s’en-