Page:Sand - Le Château des désertes - Les Mississipiens, Lévy, 1877.djvu/155

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Balma peut et doit se considérer toujours comme ton obligé. Et puis le nom de la mère est une gloire ; Cécilia a voué un culte à ce grand nom. Tu as donc mille raisons pour te présenter sans honte et sans crainte. Moi, si je surmontais l’une, je n’en ressentirais pas moins l’autre ; ainsi, mon ami, plains-moi beaucoup, console-moi un peu, et ne me regarde plus comme ton rival. Je resterai encore un jour ici pour prouver mon estime, mon respect et mon dévouement ; mais je partirai demain et je tâcherai de guérir. Le sentiment de ma fierté et la conscience de mon devoir m’y aideront. Garde-moi le secret sur les confidences que je t’ai faites, et que mademoiselle de Balma ne sache jamais que j’ai élevé mes prétentions jusqu’à elle.


XIII. — STELLA.

Célio allait me répondre lorsque Béatrice, accourant du fond de la galerie, vint se jeter à son cou et folâtrer autour de nous en me demandant avec malice si j’avais été présenté à M. le marquis. Quelques pas plus loin, nous rencontrâmes Stella et Benjamin, qui m’accablèrent des mêmes questions ; la cloche du déjeuner sonna à grand bruit, et la belle Hécate, qui était fort nerveuse, accompagna d’un long hurlement ce signal du déjeuner. Le marquis et sa fille vinrent les derniers, sereins et bienveillants comme des gens qui viennent de faire leur devoir. Je vis là combien Cécilia était adorée des jeunes filles et quel respect elle inspirait à toute la famille. Je ne pouvais m’empêcher de la contempler, et même, quand je ne la regardais ou ne l’écoutais pas, je voyais tous ses mouvements, j’entendais toutes ses paroles. Elle agissait