Page:Sand - Le Château des désertes - Les Mississipiens, Lévy, 1877.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sont souvent bêtes et toujours avares. Vivent les artistes !


VII. — LE NŒUD CERISE.

Je ne crois, d’une manière absolue, ni à la destiné, ni à mes instincts, et je suis pourtant forcé de croire à quelque chose qui semble une combinaison de l’un ou de l’autre, à une force mystérieuse qui est comme l’attraction de la fatalité.

Il se fait dans notre existence, comme de grande courants magnétiques que nous traversons quelquefois, sans être emportés par eux, mais où quelquefois aussi nous nous précipitons de nous-mêmes, parce que notre moi se trouve admirablement prédisposé à subir l’influence de ce qui est notre élément naturel, longtemps ignoré ou méconnu. Quand nous sommes entraînés sur cette pente irrésistible, il semble que tout nous aide à en subir l’impulsion souveraine, que tout s’enchaîne autour de nous de façon à nous faire nier le hasard, enfin que les circonstances les plus naturelles, les plus insignifiantes dans d’autres moments n’existent, à ce moment donné, que pour nous pousser vers le but de notre destinée, que ce but soit un abîme ou un sanctuaire.

Voici le fait qui me parut longtemps merveilleux et qui ne fut autre chose que la rencontre d’un fait parallèle à celui de mon ennui et de mon inquiétude. Mon vetturino était marié non loin de la frontière, du côté de Briançon, à une jeune et jolie femme dont il était séparé assez souvent par l’activité de sa profession. Je lui dis que je voulais aller du côté de la France, et je le voulais parce qu’il s’agissait pour moi de prendre la route diamétralement opposée à celle de Milan, et aussi un