Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/182

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— C’est le devoir de Vanina. Quelle que soit sa mère…

— Ah ! vous êtes indulgent pour de plus grandes pécheresses que moi !

— Je ne suis pas indulgent pour cela ; mais vous devriez l’être davantage pour ces jeunes gens. Ils ont besoin d’être heureux sans arrière-pensée, sans lutte contre vous, qui leur reprochez d’être égoïstes. Ils vont cacher leur ivresse dans quelque chalet où ils oublieront tout.

— Même la mort du pauvre Jean ?

— Eh bien, oui, c’est leur droit après tout, c’est leur devoir peut-être. Dieu a fait de l’amour une loi si grande et si puissante, qu’il faut savoir la subir sans songer ni au passé ni à l’avenir. Les oiseaux qui bâtissent leur nid aujourd’hui se demandent-ils si l’orage l’emportera demain ? Respectons donc le caprice de nos enfants, et, puisqu’ils paraissent désirer l’isolement, songez à leur préparer pour l’été un gîte confortable dans la montagne. N’était-ce pas l’intention de Tonino et la vôtre ? N’avez-vous rien décidé encore à cet égard ?

— Rien, répondit Félicie.

— Pourquoi ?

— J’attendais votre volonté. Si j’avais décidé quelque chose sans vous, vous auriez pu le mal interpréter.

Je parvins à dissiper son amertume en la distrayant par des projets. Le raisonnement, qui, pen-