sable du chemin avec le bout d’une branche. J’admirais son intelligence, son entente des détails, la promptitude de son coup d’œil. J’établissais ses comptes à mesure qu’elle développait ses projets. Quand j’eus atteint un certain chiffre :
— Non, je n’irai pas jusque-là, dit-elle ; ce serait trop cher, vous me gronderiez.
— Jamais ! répondis-je ; vous avez de l’ordre, vous aurez toujours le moyen d’être généreuse.
— Mais c’est votre fortune que je dépense là, monsieur Sylvestre !
— Non, c’est la vôtre. Moi, je n’en ai pas et n’en veux jamais avoir. Nous nous marions séparés de biens, comme cela doit être quand l’un apporte tout, et l’autre rien.
— Pourquoi faut-il que cela soit ?
Et, comme j’hésitais un peu à répondre, elle s’écria :
— Ah ! oui, je comprends : vous ne voulez pas qu’on croie que vous épousez une fille déchue pour vous enrichir !
— Je n’y songeais pas, lui dis-je ; mais, puisque vous le prenez ainsi, j’accepte la supposition. Je veux qu’on sache que je vous épouse parce que je vous aime.
Elle fut ravie de ma réponse et se remit à faire ses plans, tout en causant avec le fermier et en réglant l’indemnité à lui donner. Nous en étions là, le soleil baissait, lorsque Tonino et Vanina se trouvèrent tout à coup à quelques pas devant nous sur le sentier.