Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/216

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de suite, car il faut que je meure. Si dans trois jours je ne reçois pas de lettre de toi, je me tuerai. »


DE TONINO.

« La vie de Sylvestre est dans tes mains. Sois au rendez-vous que tu sais, le 5, à une heure du matin. »


DU MÊME.

« Tu as vaincu le tigre, tu l’as enchaîné. Tu l’as fait bien souffrir, cruelle, mais tu lui as laissé l’espérance. Ah ! oui, tu m’aimes, va ! Tu as beau le nier, ta colère fond dans mes bras ; tu repousses mes baisers ; mais tes mains, tes genoux, tes épaules sentent mes larmes, et ces larmes-là finiront par te brûler. Aime-moi donc, folle ! est-ce que tu peux t’y soustraire ? est-ce que tu ne l’as pas voulu ? est-ce que tu ne m’as pas élevé sur ton cœur comme un oiseau tombé du nid, à qui tu donnais ta chaleur et ta vie ? Un inceste ? Allons donc, cousine ! le pape a des dispenses, et le ciel rit de tes scrupules. Tu veux me faire croire que nous pouvons être la mère et le fils ! C’est bon pour ces lourds protestants ou pour ces catholiques à sang froid qui habitent le pôle. Nous sommes des Italiens, nous, des êtres vivants, ardents, complets. Moi, je n’ai jamais voulu t’appeler ma mère, et je ne t’appellerai jamais que ma vie ; mais j’ai bien voulu boire tes caresses, j’en ai été nourri, enivré depuis que j’ai souvenance de moi-même. C’est là l’amour, il n’y en a pas d’autre. Tu n’aimes