Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/246

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une belle matinée pour un bobo dont elle serait guérie avant une heure en se tenant tranquille. — Et, comme je persistais, comme elle était agitée et ne pouvait tenir en place :

— Eh bien, dit-elle, partons. Je veux vous accompagner, puisque vous êtes décidé à vous inquiéter de moi. Je serais plus malade, si j’étais enfermée, en pensant que vous êtes prisonnier par ma faute.

Elle insista. Nous partîmes ; mais, au bout de trois ou quatre cents pas, elle s’arrêta, disant que la marche augmentait son mal, et qu’elle sentait bien qu’une heure de sommeil la guérirait.

— Allez toujours devant, disait-elle ; à midi, j’irai vous rejoindre. Attendez-moi là-haut.

Elle voulait m’échapper, j’avais juré que cela ne serait pas. Je prétendis que j’éprouvais aussi quelque malaise, que c’était signe d’orage, et que, dans cette prévision, il n’était ni agréable ni prudent d’aller sur les hauteurs.

Je rentrai avec elle, elle me remerciait de ma sollicitude ; mais elle en était outrée, cela était évident. Elle ne put se défendre de jeter avec dépit la porte de sa chambre, où elle était censée devoir se reposer.

Je montai à mon cabinet de travail. De là, je voyais et j’entendais tout ce qui se passait dans cette maison de bois, aussi légère que solide, aussi sonore que bien percée aux quatre points de l’horizon.

Je savais indubitablement ce qui allait se passer. Félicie écrirait ou mettrait un signal sur le haut de la