Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/285

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Je m’étais préparé à tout en parlant ainsi, et pourtant l’effet de ma déclaration me surprit extrêmement. Au lieu de se résigner à un arrêt si modéré et de comprendre qu’elle ne pouvait pas trop payer le silence et l’éloignement de son complice, Félicie se révolta contre le sacrifice d’argent que je lui imposais. Elle si généreuse et si désintéressée, car elle l’était toujours, elle se sentit humiliée d’avoir à compter avec celui dont elle avait subi la flétrissure, et qui, de la prière et de la soumission, semblait passer au commandement et à la menace. Sa richesse avait été une puissance, une arme entre ses mains, et plus encore, hélas ! un moyen de séduction ou d’intimidation qu’elle avait sans doute rougi de compter pour quelque chose dans ses honteuses amours, et qui avait pourtant compté pour beaucoup, elle me le laissait voir !

Elle défendit donc avec énergie le seul moyen qui lui restait de ramener l’ingrat à ses pieds ; oui, elle défendit son argent avec âpreté, assurant que je m’étais trompé sur la gravité de ses discussions avec Tonino, et que je ne pouvais pas parler sérieusement en la condamnant à céder à des exigences aussi déplacées.

— D’ailleurs, ajouta-t-elle, vous vous trompez encore bien plus, si vous croyez que nous aurons acheté la paix. Tant qu’il me restera un pré ou un champ, il rêvera de me le faire vendre pour l’aider dans ses spéculations. Plus il obtiendra, plus il comp-