Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/339

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— Parlez encore, répondis-je, je ne veux pas de réticences, je veux savoir si je n’ai aucun reproche à me faire de la mort de cette malheureuse. Dans cet endroit désert, il y a quinze jours, elle s’est donnée à vous ?

— Oui.

— Par peur de vos menaces ?

— Par peur de mes révélations ; mais je ne la menaçais pas de cela, j’étais lié par ma parole.

— De quoi donc la menaciez-vous ?

— D’aller chercher querelle à Tonino afin de pouvoir le tuer.

— Et vous avez mis pour condition à votre pardon qu’elle vous appartiendrait ?

— Non ! cela, je le jure devant Dieu, non ! je ne faisais pas de conditions, je ne lui demandais rien, je ne voulais rien d’elle. C’est elle qui m’égarait le cœur et l’esprit avec des regards et des paroles auxquels un homme follement épris ne peut pas résister. Donc, c’est moi qui suis coupable, mais pas avec préméditation, et, quant à vous… eh bien, vous êtes coupable aussi, vous, à votre manière, je ne peux pas dire autrement… Il fallait redevenir l’amant de votre femme. Ses passions ne se seraient pas égarées.

— Un mot encore. Vous êtes exalté, mais vous êtes sincère. Après avoir reçu les derniers embrassements de cette femme que vous n’estimiez pas, que vous êtes-vous dit l’un à l’autre ? L’avez-vous bénie du bonheur qu’elle venait de vous donner ? Vous a-t-elle