Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une région assez riche et assez étendue pour ne pas s’épuiser avant de nous avoir fourni l’amas nécessaire.

J’allai chercher Jean ; il était sombre, il n’avait ni dormi ni déjeuné. Quand je l’eus interrogé sur ce que je voulais savoir :

— Eh ! monsieur, s’écria-t-il avec amertume, vous tenez mon idée ! J’avais découvert la mine de terre, et, comme elle m’appartient, je songeais aux moyens de l’extraire de son abîme ; mais l’endroit a été creusé et arrangé par le diable, et, pour rendre le transport praticable, il faudrait des ressources que je n’ai pas.

— Aussi, lui dis-je, il n’y faut pas songer. Il faut avoir la mine à ciel ouvert, des terres que les eaux vous amènent. Où sont-elles situées ? Vous devez le savoir.

— Oui, je le sais : elles appartiennent à un pauvre hère qui ne peut les sauver, il n’a pas le moyen d’endiguer sa terrasse ; mais, s’il devine que je veux les utiliser à mon profit, il m’en demandera trois fois ce qu’elles valent.

— Eh bien, laissez-moi établir mes calculs, et, si nous trouvons que ces terres rendues chez nous sans frais, puisque le torrent se chargerait de la besogne, doivent nous valoir en bas vingt fois ce qu’elles valent en haut, payez six fois ce qu’elles valent en haut. N’hésitez pas, ce sera encore de l’argent bien placé.

— Mais que ferons-nous de ces terres charriées quand nous les aurons, puisqu’elles se perdent dans