Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/119

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DIANE. — Monsieur Jacques ! Ah ! voilà un homme qui m’intrigue aussi, un homme qui a des habits de quaker et des manières de gentilhomme ! D’où ça sort-il, tout ce monde-là ? Et toi, tu connais déjà tout ça ? Sais-tu que tu te répands singulièrement ! Tu as été parler de tes amours avec Jacques.

JENNY. — Oui, tout bonnement. On le dit si sage, si savant !

DIANE. — C’est un savant ? Il doit bien s’entendre aux délicatesses de l’amour !

JENNY. — Eh bien, madame, riez si vous voulez, il s’y entend mieux que vous.

DIANE. — Ah bah ? Invite-le à dîner ce soir avec moi.

JENNY. — Oh ! je le veux bien ! vous l’aimerez tout de suite ! Il est si paternel, si doux ! À la première parole que je lui ai dite, j’ai été entraînée à me confesser à lui.

DIANE. — C’est drôle, il ne m’a pas fait cet effet-là. Après tout, je ne l’ai pas examiné. Il faut qu’un homme soit bien intéressant pour l’être encore à soixante ans ? Eh bien, quelle est donc cette parole magique qu’il a trouvée pour te guérir ? S’il en avait une pour conjurer l’ennui !

JENNY. — Il ne m’a pas guérie, il m’a calmée. Il m’a dit… Mais je ne saurai jamais redire ça comme lui.

DIANE. — Cherche bien… Mais qu’est-ce que c’est ? Que veut Marotte ?

MAROTTE, entrant. — C’est une dame qui demande à parler à madame la comtesse.

DIANE. — Une visite à six heures du matin ? Ah ! voilà qui est trop province ! Dites que je dors !

MAROTTE. — Elle dit que madame ne refusera pas de la recevoir. Elle s’appelle madame de Myrto.

DIANE. — Ah ! mon Dieu !

JENNY. — Est-il possible ?… Je vais lui parler !

DIANE. — Non ! non ! puisque la voilà, je veux la voir, faites entrer.

(Marotte sort.)

JENNY. — Y songez-vous ! Sans savoir si elle vient avec