Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/153

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MYRTO. — Nous n’avons pas le temps. Vous sortez de la question, mon cher !

FLORENCE. — Non, je la pose, vous la développerez. Il s’agit de la châtelaine de Noirac.

MYRTO. — C’est différent, vous avez la parole.




SCÈNE VIII


Devant la porte du château de Noirac


PYRAME, LÉDA, MARQUIS.

MARQUIS. — Belle Léda, reine des levrettes, je vous présente mes hommages. Ah ! que vous avez les pattes blanches ce matin ! Bonjour, bonjour, Pyrame ; je me porte bien, merci !

PYRAME. — As-tu fini, avec tes manières ! chien de comtesse, va ! chien de manchon, chien de couvre-pied rose, chien de gimblettes !… Léda, ne faites pas attention à ce roquet-là !

LÉDA. — Je trouve qu’il sent bon, il sent la crème !

PYRAME. — Vous aimez donc ça la crème ? C’est écœurant ! Parlez-moi d’un bon manche de gigot !

MARQUIS. — Toi, tu manges du gigot, portier ? Tu ne connais que le pain de munition, et quant à la crème, tu n’y as jamais goûté. Voyez, belle Léda, comme j’ai la barbe bien peignée et comme on m’a tondu les pattes ce matin !

LÉDA. — Il est drôle, ce petit, il m’amuse !

PYRAME. — Léda, vous êtes une coquette ! Vous me disiez tout à l’heure que vous aimiez les grandes dents blanches, et celui-là n’en a plus ; c’est un vieux folâtre.

LÉDA. — J’aime les marquis, c’est mon faible ; mon maître est un marquis !

PYRAME. — Vous ne détestez pourtant pas les paysans !

LÉDA. — Mon cher, j’aime à rire et à causer avec tout le monde. Mais où est donc mon maître ? Je l’ai perdu. Il faut que je le cherche.