Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/210

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ÉMILE, à qui Damien souffle la réponse. — Ce nouveau serment est mystérieux comme le Dieu qui m’inspire. Voici la lettre sacrée de l’oracle incompréhensible : En tout temps, la beauté trouvera le pompier français sur le chemin de l’honneur.

DIANE. — Je me contente de cette réponse, et voici la mienne : J’irai demain applaudir les marionnettes, et après le spectacle, les quatre personnes qui me rendent cet honneur, ainsi que monsieur Jacques et son ami, absent d’ici ce soir, à mon grand regret, viendront souper chez Florence avec moi ; c’est-à-dire que nous souperons tous dans la serre du château de Noirac, dont Florence a déjà fait un paradis.

MAURICE. — Alors, en avant la musique !

(Ils saluent avec toutes sortes de grâces comiques ; Damien reprend

son tambour, Eugène son mirliton, Maurice une guimbarde, Émile sa flûte, et ils sortent en faisant un charivari après lequel Marquis s’élance en aboyant ; Jacques les suit, et Florence les accompagne pour ouvrir et fermer les portes. Jenny reste seule

avec Diane.)

DIANE. — Florence va revenir, n’est-ce pas ? Tu lui as dit que je l’attendais ?

JENNY. — Oui, madame ; mais auparavant ne voulez-vous pas voir monsieur Gérard ?

DIANE. — Gérard ?… Non ! pas encore. Je suis calme, je suis gaie, je suis heureuse… Laisse-moi au moins cette soirée sans nuages !

JENNY — Mon Dieu, vous ne l’aimez donc pas du tout, ce pauvre jeune homme ?

DIANE. — Je ne sais pas ! Jenny, je ne sais plus rien ! J’ai la tête je ne sais comment… Mais je ne me trouverais pas à l’aise avec Gérard… Je sens à présent que je l’ai trompé, et c’est le tromper encore…

JENNY. — Eh bien, madame…

DIANE. — Non, non ! à demain. Rends-lui sa liberté ; dis-lui qu’il vienne demain matin. Nous monterons à cheval, s’il fait beau. Ce soir, je suis malade ; je vais dans mon appartement. Envoie-moi Florence et fais partir Gérard, vite ! Il a dîné ?