soit sa dupe aujourd’hui. Va donc, Jenny, dépêche-toi ! Faudra-t-il que j’y coure moi-même ?
JENNY. — Ah ! pour cela, madame, oui, je vous y laisserais courir plutôt que de m’en charger. Cela me répugne !
DIANE. — Pourquoi donc ? C’est pour son bien. C’est pour ma sécurité aussi !
JENNY. — Vous avez les lettres, vous ne craignez plus rien. Si Myrto parle, peu importe, elle n’a plus de preuves. D’ailleurs elle ne parlera pas ; elle est bien changée, allez ! Elle est bonne au fond, elle se repent, elle veut redevenir honnête ; elle aime Florence, et Florence la sauvera d’elle-même.
DIANE. — Il l’aime donc, lui ? C’est donc sérieux ? Il la connaissait déjà, peut-être
JENNY. — Oui, madame, ils se connaissaient depuis longtemps.
DIANE. — Ah ! je comprends l’influence qu’il a eue sur elle Comme c’est heureux pour moi, tout cela !
JENNY. — Alors tranquillisez-vous et ne trouvez pas mauvais qu’ils partent ensemble.
DIANE. — Qu’ils partent ensemble ! Non, je ne le veux pas. Cette idée-là m’est insupportable, odieuse !
JENNY. — Mais, mon Dieu, madame, qu’est-ce que cela vous fait donc, après tout ?
DIANE. — Cela ne le fait rien, à toi ? Ah ! que tu es heureuse d’être si calme et d’avoir dans le cœur un souvenir qui te rend invulnérable à toutes les émotions.
JENNY. — Madame, madame ! est-ce que vous pensez à ce que vous dites ?
DIANE. — Qu’est-ce que j’ai dit ? Je ne sais pas. Je ne m’entends pas. Jenny, je crois que je suis folle !
JENNY. — Vous vous exaltez beaucoup, madame, à propos de tout.
DIANE. — Cela te scandalise, toi ?
JENNY. — Non, mais cela vous fait du mal.
DIANE. — Du mal, oui ! et du bien aussi ! J’ai besoin de ces agitations. Ah ! Jenny, je suis toujours sur le point d’ai-