Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/262

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COTTIN. — Oh ! dame, nous n’avons pas encore eu le temps de l’oublier ! Nous parlions de vous, Florence ! Elle se tourmentait de ce que vous n’étiez pas rentré. Allons, je vais visiter mes couches, faire ma tournée aux espaliers et puis, comme, grâce au bon Dieu, c’est aujourd’hui dimanche, je m’en irai un peu prendre l’air du pays dans le village. Est-ce que vous n’y viendrez pas aussi, mon camarade ? On va à la messe, on joue aux quilles sur la place, on boit chopine avec les amis. Oh ! ici, c’est tous des bons enfants. Vous viendrez, pas vrai, quand vous aurez visité vos serres.

FLORENCE. — Oui, oui, mon ancien. Je serai bien aise de faire connaissance avec les bons enfants de l’endroit.

COTTIN. — Et puis, vous savez, nous allons ce soir à la comédie des marionnettes ! C’est-il vrai que madame ira, mademoiselle Jenny ?

JENNY. — Oui, elle l’a promis.

COTTIN. — Ah ! tant pis ? ça me gênera un peu pour rire tout mon soûl.

JENNY. — Mais madame compte bien rire aussi.

COTTIN. — À la bonne heure. Au revoir, Florence. Salut, mademoiselle Jenny.

(Il s’éloigne.)

FLORENCE. — Vous vous en allez aussi, mademoiselle ? Vous ne venez pas faire avec moi le bouquet de madame ?

JENNY. — Oh ! vous vous y entendez mieux que moi, et je ne vous serais bonne à rien. D’ailleurs, j’ai affaire dans la maison.

FLORENCE. — J’aurais pourtant voulu vous donner des nouvelles de votre ancienne compagne, la pauvre Céline.

JENNY. — La pauvre Céline ?… Oui, pauvre Céline, c’est vrai !… Est-ce que vous l’avez accompagnée jusqu’à la ville ?

FLORENCE. — Non, jusqu’à mi-chemin à peu près.

JENNY. — Elle est bien partie, vous en êtes sûr ?

FLORENCE. — Vous craignez donc bien de la revoir ?

JENNY. — Pour moi, non ! Je ne m’en inquiète que pour madame.

FLORENCE. — Vous l’aimez beaucoup, madame ?