Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/64

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PIERRE. Et c’est ce contentement-là qui me fâche ! Ils disent après ça, entre eux, que nous marchons comme des animaux.

GERMAIN. — Allons, tu ne veux pas céder ?

PIERRE. — Non !

GERMAIN. — Tu ne veux donc pas épouser ta bonne amie ?

PIERRE. — La Maniche ? si fait bien !

GERMAIN. — Si tu n’es pas métayer, tu ne l’auras pas.

PIERRE. — Oh ! que si ! Elle m’aime, elle m’a dit que ça n’y ferait rien.

GERMAIN. — Son père m’a juré sa foi et sa loi, hier, que si tu n’étais pas métayer, il ne donnerait pas son consentement.

PIERRE. — Je chercherai une autre métairie !

GERMAIN. — Tu n’en trouveras point ; il est trop tard dans la saison.

PIERRE. — J’attendrai, un an, et la Maniche aussi !

GERMAIN. — Non ! Son père n’a pas déjà une grosse envie de toi. Il la forcera à épouser le grand Jacquet !

PIERRE. — Ah ! faut-il ! Le marquis est un mauvais maître !

GERMAIN. — Eh non ! il est bête ! Faut être plus fin que lui ; faut faire ta soumission, épouser la Maniche et voter pour…

PIERRE. — Je voterais pour le diable plutôt que de contenter un homme si sot ; mais je l’affinerai, puisqu’il m’y oblige. Que son âme en porte la folle enchère ! Allons, arrangez ça, mon père ; dites ce que vous voudrez pour moi ; je ne soufflerai mie, et nous signerons le bail. Ah ! ma pauvre grosse Maniche ! il faut bien que ça soit pour toi !




SCÈNE III


Au château de Noirac


Dans le jardin


DIANE, LE CURÉ DE NOIRAC.

DIANE. — Je vous ai fait demander, monsieur le curé, afin de m’entendre avec vous sur les charités à distribuer. Vous