remis au courant de ses occupations favorites, et vous m’accorderez, j’espère, la qualification classique de parfait jardinier.
DIANE. — Vous avez là-dessus une assurance qui m’étonne, en vérité ! Y a-t-il beaucoup de jardiniers comme vous ?
FLORENCE. — Comment suis-je donc, madame ?
DIANE. — Vous parlez trop bien. On dirait que vous n’avez jamais fréquenté le peuple.
FLORENCE. — Je sais parler comme toutes les classes du peuple. Tous les artistes savent cela.
DIANE. — Ah ! vous êtes artiste ! J’en étais sûre !
FLORENCE. — Un artiste et un ouvrier… en jardinage. C’est donc un métier bien grossier à vos yeux, madame, que vous n’admettez pas qu’on puisse l’exercer et parler français ?
DIANE. — Au fait ! je ne sais pas… pourquoi non ? Jardinier-fleuriste, c’est un état charmant, et vous êtes, d’ailleurs, le premier avec qui je cause. Ah ! mais, n’est-ce pas monsieur Jacques, mon voisin, qui passe là-bas ? Je veux lui parler. Au revoir, et bon courage, monsieur Florence ! Je désire vous rendre aussi content de moi que je le suis de vous. Voudrez-vous me faire un bouquet et me l’apporter à l’heure du dîner ?
FLORENCE. — Votre volonté sera faite, madame.
DIANE. — Ma volonté ! Eh bien, et la vôtre ? quelle est-elle ?
FLORENCE. — De vous obéir, madame.
DIANE. — Ah ! c’est affreux d’être obéie pour son argent ! Voyons, voulez-vous me faire un bouquet ?
FLORENCE, souriant. — Oui, madame.
DIANE. — Voilà la première parole raisonnable que j’aie pu vous arracher !
FLORENCE, seul. — Et voilà une étrange coquette !