Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/146

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être charmant pour soutenir la brillante réputation que m’a faite, beaucoup trop à tes dépens selon moi, cette vieille duchesse.

— La duchesse a bien fait, elle n’en a pas assez dit, j’ai envie d’aller la trouver pour qu’elle sache bien tout. Il croit n’être pas charmant ! voyez un peu comme il se connaît !

— Je me connais trop, reprit M. de Villemer, je ne m’abuse pas.

— Mais, que diable ! te prends-tu pour un ours ! Tu avais bien séduit madame de G…, la personne la plus réservée qui fût au monde.

— Ah ! je t’en supplie, ne me parle pas d’elle ; tu me rappelles tout ce que j’ai souffert avant de pouvoir lui donner confiance en moi, tout ce que j’ai souffert ensuite pour que cette confiance ne fût pas à chaque instant reprise… Vois-tu,… ajouta le marquis, s’oubliant un peu, les gens passionnés n’ont pas d’esprit ! Tu ne sais pas cela, toi, qui inspirais l’engouement à première vue, et qui d’ailleurs ne cherchais pas un amour exclusif pour toute la vie. Je ne sais dire à une femme qu’un seul mot : j’aime, et si elle ne comprend pas que toute mon âme est dans ce mot-là, je ne pourrai jamais en ajouter un autre.

— Eh bien ! tu aimeras Diane de Xaintrailles, et elle le comprendra, ton mot suprême !

— Mais si je ne l’aime pas, moi ?

— Mais, mon cher, elle est charmante Je l’ai vue toute petite, c’est un vrai chérubin !