Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/159

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nous sommes-nous jamais rencontrés dans ces allées à toute heure, et vous ai-je importunée de mon éloquence ?

— Mais non, certes ! dit Caroline avec une confiance entière. Je n’ai pas de ces grimaces-là, vous le savez bien ; mais cette monture, c’est un supplice pour vous.

— Êtes-vous bien sur la vôtre ?

— Parfaitement.

— En ce cas, tout est pour le mieux. Moi, cela me plaît beaucoup d’équiter la blanche. Voyons ! n’ai-je pas aussi bonne façon que sur une bête de sang ? À bas les préjugés, et amusons-nous à courir !

— Mais si cette bête manque de jambes ?

— Bah ! elle en aura. Et si elle me casse le cou, je serai très-heureux que ce soit à votre service.

Le duc lança cette flatterie d’un ton de gaieté qui ne pouvait alarmer Caroline. Ils partirent au galop et firent le tour du parc avec beaucoup de vaillance. Jacquet était excellent et sans aucun caprice ; d’ailleurs mademoiselle de Saint-Geneix connaissait très-bien l’équitation, et le duc remarqua qu’elle était aussi gracieuse qu’habile et de sang-froid. Elle s’était improvisé une jupe longue en défaisant lestement un ourlet ; elle avait jeté sur ses épaules une casaque de basin blanc, et un petit chapeau de paille de jardin sur ses blonds cheveux déroulés par la course lui seyait à merveille. Animée par le plaisir du galop, elle était si remarquablement belle que le duc, en suivant de l’œil l’élé-