Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/175

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mais, adroite déjà et calculée, avait fait de tendres adieux à tout le monde. À cette époque, Caroline et Camille de Saint-Geneix, filles nobles et dans l’aisance, pouvaient être bonnes un jour à retrouver. Elle leur écrivit donc d’une façon très-compatissante, lorsqu’elle apprit la mort de leur père. En lui répondant, Caroline ne lui cacha pas qu’elle restait non-seulement orpheline, mais ruinée… Madame d’Arglade se garda bien de délaisser son amie dans le malheur. D’autres compagnes de couvent qu’elle voyait davantage lui dirent que les Saint-Geneix étaient ravissantes et que certainement, avec des talents et sa beauté, Caroline ferait un bon mariage quand même. Propos de jeunes femmes sans expérience ! Léonie pensa bien qu’elles se trompaient, mais elle pouvait essayer de marier Caroline, et de se trouver par là immiscée dans des questions de confiance et dans des pourparlers d’intimité avec diverses familles. Elle ne songeait dès lors qu’à se faire beaucoup d’aboutissants, à étendre partout ses relations, à obtenir des confidences en ayant l’air d’en faire. Elle voulut attirer Caroline chez elle, dans sa province, lui offrant avec grâce et délicatesse un asile et une famille. Caroline fut touchée de tant de bonté, répondit qu’elle ne quittait pas sa sœur et ne désirait point se marier, mais que si elle se trouvait un jour dans une situation trop pénible, elle aurait recours au généreux cœur de Léonie pour qu’elle lui cherchât un petit emploi.

Dès lors Léonie, toujours pleine de promesses et