Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/191

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— Il n’est pas là, il ne sait rien.

— Vous ne l’avez pas vu ?

— Non ! je vais le faire appeler.

— Ah ! ne me quittez pas !

— Eh bien ! non ; mais vous secourir !…

— Rien, rien ! Je sais ce que c’est, ce n’est rien. N’ayez pas peur, me voilà tranquille. Et… vous êtes-là ! et vous ne saviez rien ?

— Rien au monde ! Depuis quelques jours, je vous trouvais changé… Je pensais bien que vous étiez malade, mais je n’osais pas m’en inquiéter…

— Et tout à l’heure,… j’ai donc appelé ?… Quoi ? qu’ai-je dit ?

— Rien ! Vous avez brisé cette vitre, en tombant peut-être ! Ne vous a-t-elle pas blessé ?

Et Caroline, approchant la lumière, regarda et toucha les mains du marquis. La droite était assez fortement coupée : elle lava le sang, et, retirant adroitement les parcelles de verre, elle pansa la blessure. Urbain la laissa faire en la regardant avec l’étonnement attendri d’un homme qui, ramassé sur le champ de bataille, se sent dans des mains amies. Il répétait faiblement : — Mon frère ne vous a donc rien dit, vrai ?

Elle ne comprenait rien à cette question, qui lui semblait rentrer dans la fixité d’une idée maladive, et pour la lui ôter elle lui raconta, tout en le pansant, qu’elle l’avait cru aux prises avec des assassins. — C’était absurde à coup sûr, dit-elle en s’efforçant de