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besoin d’elle, il faudra bien qu’elle en passe par où je voudrai.

Caroline se coucha vite, pour dormir vite, pour se retrouver au service de son malade.

À huit heures, elle fut debout, et regarda par sa fenêtre. Le duc était derrière la vitre de son frère. Il lui fit signe qu’il allait la rejoindre par l’intérieur dans la bibliothèque. Elle s’y rendit aussitôt de son côté, et là elle apprit de Gaëtan que le marquis était extraordinairement bien. Il venait seulement de s’éveiller, et il avait dit : — Mon Dieu, quel miracle ! voici mon premier sommeil depuis une semaine entière de ce supplice ! et je ne sens plus rien, je respire, il me semble que je suis guéri. C’est à elle que je dois cela ! — Et c’est la vérité, ma chère amie, ajouta le duc ; c’est vous qui l’avez sauvé et qui nous le conserverez, si vous voulez avoir pitié de nous !

Le duc avait résolu de ne rien dire ; il l’avait juré à son frère ; mais, en se croyant bien discret, il laissait échapper la vérité malgré lui. Cette vérité traversa l’esprit de Caroline comme un éclair. — Que dites-vous donc, monsieur le duc ? s’écria-t-elle. Qui suis-je, moi ? et que suis-je ici pour avoir cette influence ?

Le duc fut effrayé du regard effrayé de Caroline. — Voyons, à qui en avez-vous ? lui dit-il en reprenant le masque de son tranquille sourire. Qu’est-ce que vous allez vous mettre dans la tête ? Ne voyez-vous pas que j’adore mon frère, que je tremble de le perdre, et qu’en raison de l’assistance que vous lui