Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/229

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marquis en ramenant les plis du manteau de Caroline autour d’elle.

— Non ! et vous ?

— Oh ! moi, grâce à vous, j’ai une santé robuste à présent, et c’est pour cela que l’on songe sérieusement à faire de moi un père de famille. C’est un bonheur dont je n’ai pas autant besoin que l’on croit. Il y a dans la vie des enfants que l’on aime, … ne serait-ce que comme vous aimez ceux de votre sœur ! Mais passons là-dessus, et supposons que je me sois rêvé une nombreuse lignée ! Vous savez bien que je ne tiens pas à cela au point de vue de l’orgueil du nom vous connaissez mes idées sur la noblesse. Ce ne sont pas précisément celles de mon entourage ; malheureusement pour mon entourage, je n’en puis pas changer cela ne dépend plus de moi.

— Je sais cela, répondit mademoiselle de Saint-Geneix, mais vous avez l’âme trop complète pour ne pas désirer connaître les plus ardentes, les plus saintes affections de la vie.

— Supposez tout ce que vous voudrez à cet égard, reprit le marquis, et reconnaissez dès lors que le choix de la mère de mes enfants est l’affaire la plus importante de ma vie. Eh bien ! cette chose immense, ce choix sacré, pensez-vous que quelqu’un puisse le faire à ma place ? Admettez-vous que même mon excellente mère puisse s’éveiller un matin en disant : « Il y a de par le monde une demoiselle dont le nom est illustre, dont la fortune est considérable, et qui doit