Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/236

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Elle se leva, et il lui offrit de nouveau son bras jusqu’à la voiture. — Soyez, tranquille, lui dit-il en rompant le silence au moment de la quitter, je ne presserai jamais ouvertement le cœur de ma mère. Priez pour moi afin que j’aie, à un jour donné, l’éloquence de la convaincre ! Si je n’y parviens pas,… eh bien ! que vous importe ? Ce sera tant pis pour moi !

Il jeta l’adresse au cocher et disparut.


XVII


Il n’était plus guère possible à Caroline de révoquer en doute la passion qu’elle inspirait. Pour n’y pas répondre, elle n’avait qu’un moyen de défense qui était ou de ne jamais paraître la deviner, ou de ne jamais sembler admettre que le marquis osât lui en parler même indirectement une seconde fois. Elle se promit de le décourager si bien qu’il n’y reviendrait plus, et de ne jamais se retrouver seule avec lui assez longtemps pour qu’il pût perdre sa timidité naturelle sous le coup d’une émotion croissante.

Quand elle se fut ainsi tracé sa ligne de conduite, elle se flatta d’être calme ; mais il lui fallut bien céder à la nature et sentir son cœur se fondre dans les sanglots. Elle s’abandonna à cette douleur en se disant que, puisqu’il fallait que cela fût ainsi, mieux valait