Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/238

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de projets et d’espérances. Il y a dans l’air… oh ! je l’ai senti tout de suite, un bien autre mariage que celui-ci, et qui vous causerait infiniment plus de joie !

Caroline se sentait renaître et mourir à chaque parole qu’elle entendait ; mais elle sentait aussi les yeux du duc attachés sur elle, et elle se disait que peut-être le marquis la regardait à la dérobée entre chacune de ses phrases. Elle fit bonne contenance. On voyait bien qu’elle avait pleuré ; mais le départ de sa sœur pouvait en être l’unique cause. Elle l’avait dit, le marquis lui-même avait été témoin de ses larmes à cette occasion.

— Voyons, mon fils, dit la marquise, ne me faites pas languir, et si vous parlez sérieusement…

— Non, non, dit le duc en minaudant avec grâce, ce n’est pas sérieux.

— Mais si fait ! s’écria Urbain, qui était extraordinairement gai ; cela s’annonce comme la chose la plus vraisemblable et la plus aimable du monde !

— C’est du moins assez singulier,… assez piquant ! reprit le duc.

— Allons donc ! finissez vos énigmes ! s’écria la marquise.

— Eh bien ! raconte, dit le duc à son frère en souriant.

— Je veux bien, je ne demande pas mieux, répondit le marquis c’est tout une narration, et il faut procéder avec ordre. Figurez-vous, chère maman, que nous arrivons chez la duchesse beaux comme vous