Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/244

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avoir peur d’un beau vainqueur comme ce sacripant-là ! Elle n’osera jamais se fier à lui ! …

— Attendez-donc, maman ! reprit le marquis, je n’ai pas fini mon récit : quand nous retournâmes auprès des demoiselles, mademoiselle Diane appelait mon frère monsieur le duc gros comme le bras. Elle causait et riait avec lui, et il me fut permis de l’aider à briller devant elle. Au reste, il n’avait pas grand besoin de moi. Elle le faisait briller elle-même, et je vis qu’elle n’était pas fâchée non plus, en lui donnant la réplique, de montrer qu’elle a beaucoup d’esprit, et que l’enjouement lui sied à merveille.

— Le fait est, dit le duc emporté par un mouvement de fatuité irrésistible, qu’elle est ravissante, cette petite Diane que j’ai vue jouer à la poupée ! Je lui ai rappelé cela, ne voulant pas m’en faire accroire sur mon âge…

— À quoi, reprit le marquis, j’ai ajouté que tu mentais, que c’était moi qui avais vu cette poupée, et que dans ce temps-là tu jouais encore au cerceau ; mais mademoiselle Diane n’a pas voulu me laisser croire qu’elle vit encore en moi l’étoffe d’un duc. « Non, non, monsieur le marquis, a-t-elle dit en riant ; monsieur votre frère a trente-six ans, je le sais fort bien !,… » Et cela était dit d’un ton,… et d’un air…

— À me rendre fou ! j’en conviens, dit le duc en se levant et en faisant sauter en l’air jusqu’au plafond les lunettes de sa mère, qu’il rattrapa très-adroitement : mais voyons, tout ceci est une folie ! Mademoiselle