Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/256

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Léonie faisait son profit de ces révélations. — Eh ! mon Dieu ! répondait-elle étourdiment, il lui faudrait une femme de plus haute condition que moi, et qui ne serait pas veuve du meilleur des hommes, mais qui aurait mon âge, ma fortune et mon caractère.

— Votre caractère est trop spontané pour un homme si réservé, ma chère belle !

— Et c’est pour cela qu’une personne de mon humeur le sauverait. Vous savez, les extrêmes !… Moi, si je pouvais aimer quelqu’un, ce qui maintenant, hélas ! est bien impossible, j’aimerais précisément un homme grave et froid. Eh ! mon Dieu ! n’était-ce pas là le caractère de mon pauvre ami ? Eh bien ! son sérieux tempérait ma vivacité, et ma gaieté mettait du soleil dans sa mélancolie. C’était son mot, et comme il me l’a dit souvent ! Il n’avait jamais aimé avant de me connaître, et précisément lui aussi avait de l’éloignement pour le mariage. Même, en me voyant la première fois, il a eu peur de ma légèreté ; puis tout d’un coup il s’est aperçu que j’étais nécessaire à sa vie, parce que cette légèreté apparente, qui, vous le savez bien, ne m’empêche cas d’avoir du cœur, passait en lui comme une lumière, comme un baume. C’étaient encore là ses paroles, pauvre cher ! Ah ! tenez ! ne parlons pas de gens à marier. Cela me fait trop penser que je suis seule pour toujours !

Léonie trouva moyen de revenir si souvent sur ce sujet, et sous tant de formes diverses, avec tant d’à-propos sous un air d’imprévu, tant de prévenances