Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/293

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— Qu’est-ce que vous vendez ?

Caroline, qui entendait ronfler Peyraque derrière la courtine, mit un doigt sur ses lèvres et rejeta son capuchon sur ses épaules. Justine resta immobile un instant, contint un cri de joie et ouvrit ses bras replets avec transport. Elle avait reconnu son enfant. — Venez ! venez ! dit-elle en la conduisant vers un petit escalier en casse-cou qui donnait au fond de la salle, votre chambre est prête ! il y a un an qu’on vous espère tous les jours ! — Et elle cria à son mari : — Lève-toi, Peyraque, tout de suite, et ferme la porte. Il y a du nouveau, oh ! mais du bon !

La petite chambre, blanchie à la chaux et rustiquement meublée, était, comme le rez-de-chaussée, d’une propreté irréprochable. La vue était magnifique ; des arbres fruitiers en fleurs montaient jusqu’au niveau de la fenêtre. — C’est un paradis ! dit Caroline à la bonne femme. Il n’y manque qu’un peu de feu que tu vas me faire. J’ai froid et faim, mais je suis heureuse de te voir et d’être chez toi. J’ai à te parler avant tout. Je ne veux pas être connue ici pour ce que je suis. Mes raisons sont bonnes, tu les sauras et tu les approuveras. Commençons par convenir de nos faits : tu as demeuré à Brioude ?

— Oui, j’y étais servante avant mon mariage.

— Brioude est loin d’ici. Y a-t-il quelqu’un de ce pays à Lantriac ?

— Personne, et il n’y vient jamais d’étrangers. Ce n’est qu’une route pour les chars à bœufs,