Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/294

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’ai bien vu cela. Alors tu me fais passer pour une personne que tu as connue à Brioude ?

— Très-bien, la fille de mon ancienne maîtresse ?

— Non ; je ne suis pas une demoiselle.

— Oh ! ce n’était pas une demoiselle, c’était une petite marchande.

— C’est cela ; mais il me faut un état ?

— Tiens ! c’est facile. Colporteuse de merceries, comme était celle dont je vous parle.

— Mais il faudra donc vendre quelque chose ?

— Je me charge de ça. D’ailleurs votre tournée sera censée faite, et je vous aurai retenue chez moi par amitié, car vous allez rester ?

— Un mois tout au moins.

— Il faut rester toujours. On vous trouvera de l’occupation, allez ! Ah çà ! vous vous appelez ?

— La Charlette ; tu m’appelais ainsi quand j’étais petite. Cela ne te coûtera pas. Je suis censée veuve, et tu me tutoies.

— Comme autrefois. Bon, c’est convenu ; mais comment seras-tu habillée, ma Charlette ?

— Comme je suis. Tu vois que ce n’est pas luxueux.

— Ce n’est pas bien cossu, et cela peut passer ; mais ces beaux cheveux blonds, ça tirera l’œil, et un chapeau de ville étonnera beaucoup.

— J’y ai bien pensé ; aussi ai-je acheté à Brioude la coiffure du pays. Je l’ai là dans mon sac de voyage, et je vais m’arranger tout de suite en cas de surprise.