Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

laisser une somme que vous me remettrez, si l’emploi n’en est pas nécessaire, mais que vous lui ferez passer au besoin comme venant de vous.

— Oh ! cela est bien impossible, répondit Camille : elle devinerait, et ne me pardonnerait jamais d’avoir accepté !

— Je vois que vous la craignez beaucoup.

— Je la crains comme tout ce qu’on respecte.

— C’est donc comme moi ! répondit le marquis en prenant congé. Je la crains au point de n’oser plus la chercher, et pourtant il faudra la retrouver ou mourir !

Le marquis eut peu après avec sa mère une explication assez vive. Bien qu’il la vît souffrante, triste, et regrettant Caroline cent fois plus qu’elle ne voulait l’avouer, bien qu’il se fût promis d’attendre un meilleur moment pour s’éclairer, l’explication arriva, malgré lui et malgré la marquise, par la fatalité des circonstances. La situation était trop tendue et ne pouvait plus se prolonger. Madame de Villemer avoua qu’elle avait conçu des préventions soudaines contre le caractère de mademoiselle de Saint-Geneix, et qu’au moment de tenir sa parole, elle lui avait fait sentir qu’elle en souffrait amèrement. Peu à peu, sur les questions ardentes du marquis, l’entretien s’anima et madame de Villemer, poussée à bout, laissa échapper la condamnation de Caroline. L’infortunée avait commis une faute, pardonnable aux yeux de la marquise en tant qu’amie et protectrice, mais qui lui