Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/321

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qu’il vous plaît tant, que vous en voilà comme affolée. Son père va venir le chercher un jour ou l’autre. Si je lui parlais de vous ?

« — Tu le connais donc ?

«  — Je lui ai servi de conducteur une fois pour se promener vers la montagne dans ma carriole. Il paraît un très-brave homme, mais trop jeune pour se charger d’élever lui-même un enfant de trois ans. Il faudra bien qu’il le confie à une femme, et il ne peut pas le laisser plus longtemps aux Roquebert, qui ne sont pas en état de lui enseigner ce qu’un petit monsieur comme lui doit savoir. Ce serait votre affaire à vous, jamais le père ne rencontrera une si bonne mère pour son enfant. Espérez, espérez (ce qui signifie attendez ! ). J’aurai l’œil sur Polignac, et dès qu’il arrivera, ce père, je saurai bien lui parler comme il faut.

« Je laisse le bon Peyraque nourrir ce projet, ainsi que Justine, mais je n’y crois pas, vu que le mystérieux personnage qu’on attend ici fera sur moi des questions auxquelles je ne veux pas que l’on réponde, à moins d’être bien sûre qu’il ne connaît de près ni de loin aucune des personnes auxquelles je veux cacher ma retraite. Et comment m’assurer de cela. L’idée de Peyraque n’en est pas moins par elle-même une bonne idée. Élever un enfant chez nous pendant quelques années me plairait infiniment mieux que d’entrer de nouveau dans une famille étrangère. Mieux me vaudrait une fille qu’un garçon, parce qu’on me la laisserait plus longtemps : mais il n’y aurait sans doute pas