Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/332

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n’ai pas dételé, et nous ferons reposer le cheval au Puy ; mais c’est égal, si vous vouliez me croire, nous resterions ici pendant une ou deux heures. D’ici là, on se rencontrerait dans les cours, l’enfant vous chercherait et vous demanderait de lui-même, il vous aime déjà tant ! Tenez ! si le monsieur vous voyait seulement une minute, je suis sûr qu’il dirait : Voilà une personne qui n’est pas comme une autre ; il faut que je lui parle. Quand il vous aurait parlé…

En causant ainsi, Peyraque suivait Caroline, qui, bien décidée à partir, avait rassemblé ses hardes et se dirigeait vers la porte du manoir. En passant devant le banc où la valise de l’inconnu était encore à côté de son caban de voyage, elle lut le nom que Peyraque lui avait fidèlement rapporté, mais en même temps elle fit un geste de surprise et se hâta de s’éloigner avec une émotion extraordinaire.

— Qu’est-ce qu’il y a donc ? lui dit le bonhomme en prenant les rênes.

— Rien ! une rêverie ! répondit Caroline lorsqu’ils furent sortis de l’enceinte. Je me suis imaginé reconnaître l’écriture de celui qui a tracé ce nom de Bernyer sur la valise.

— Bah ! c’est écrit comme de l’imprimé.

— C’est vrai, je suis folle ! C’est égal, allons-nous-en, mon bon Peyraque !

Caroline fut absorbée pendant la route. Elle attribuait l’émotion singulière que lui avait causée la vue de cette écriture déguisée à celle qu’elle venait d’é-