Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/346

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dans le tiroir du bureau. Il se montra fort pressé de retourner à Polignac, et, jurant qu’il se sentait plein de force, il refusa obstinément le cheval. C’eût été un embarras pour la guerre d’observation qu’il voulait faire. Il serra affectueusement les mains de ses hôtes, et partit ; mais, à peine hors du village, il changea de direction, s’informa auprès d’un passant et s’enfonça dans un sentier qui conduisait à Laussonne.

Il pensait y arriver avant Peyraque, l’attendre sans se montrer, et le voir remmener Caroline. Quand il la saurait revenue à Lantriac, il aviserait. Jusque-là, voyant bien qu’elle le fuyait, il ne voulait pas s’exposer à perdre de nouveau sa trace. Mais Peyraque était fort diligent ; Mignon marchait vite, en dépit des chemins toujours plus difficiles qui montent sans désemparer vers Laussonne tout en franchissant plusieurs versants de montagnes. Le sentier coupait fort peu les angles de ce chemin, et le marquis fut devancé par l’équipage rustique. Il le vit passer et reconnut Peyraque, qui, de son côté, crut distinguer dans la brume matinale un homme autrement couvert qu’un paysan, et qui se dissimulait vite derrière un mur d’enclos en pierres sèches.

Peyraque était méfiant. – Peut-être bien, pensa-t-il, qu’il s’est moqué de nous, ou qu’il a surpris quelque chose. Eh bien ! si c’est lui, et s’il n’est pas plus malade que ça, je vais le dégoûter de suivre à pied un cheval de montagne.

Il pressa Mignon et arriva près de Laussonne aux