Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

diables douleurs ; mais je serai votre amie, votre servante, la mère de votre enfant, votre compagne cachée et fidèle. Je passerai pour votre maîtresse, pour la mère véritable de Didier, peut-être ! Eh bien ! j’y consens, j’accepte le mépris que j’ai tant redouté, et il me semble que le calice versé par vous me donnera une vie nouvelle !

— Ô noble cœur ! âme trois fois sainte ! s’écria le marquis, je l’accepte aussi, moi, ton divin sacrifice ! Ne me méprise pas pour cela, j’en suis digne, et je le ferai vite cesser. Oui, oui, je ferai des miracles ! Je sais que je le peux maintenant ! Ma mère cédera sans regrets. Je sens là, dans mon cœur, le feu de la foi et les trésors de la persuasion ! Mais quand même j’échouerais, vois-tu, quand même le monde se lèverait pour te maudire, toi, ma sœur et ma fille, ma sainte compagne, mon amie adorée, tu n’en serais que plus grande à mes yeux, et je n’en serais que plus fier de t’avoir choisie ! Eh ! qu’est-ce que le monde, qu’est-ce que l’opinion pour un homme qui a sondé dans la vie des hommes du passé et du présent les mystères de leur égoïsme et le néant de leur mauvaise foi ? Cet homme-là sait bien que de tout temps, à côté d’une pauvre vérité qui surnage, mille vérités sont égorgées et marquées du sceau d’infamie ! Il sait bien que les meilleurs et les plus généreux des êtres ont dû marcher sur les traces du Christ dans le sentier d’épines où pleuvent les blessures et les outrages. Eh bien ! nous y marcherons, s’il le faut, et l’amour