Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/372

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n’était pas bien vrai ; j’y croyais un peu. Et lui, qui n’est pas sot, monsieur votre fils, il s’est aperçu de cela, et il s’est mis à mes genoux, et il a juré, oh ! mais juré par tout ce que je crois et par tout ce que j’aime, par le vrai Dieu d’abord, et puis par vous, que c’était là une infâme calomnie, et j’en suis aussi sûre à présent que d’être venue au monde rien que pour aimer M. le duc.

La duchesse avait un parler enfantin aussi naïf que celui de madame d’Arglade était affecté, et il s’y joignait un accent de franchise et de résolution qui la rendait adorable. La marquise n’avait pas eu le temps de s’étonner de ce qu’elle entendait, que le duc entra aussi triomphant que sa femme.

— Ouf ! s’écria-t-il. Dieu soit loué ! vous ne reverrez plus jamais cette vipère ! elle a demandé sa voiture, elle va partir, furieuse, mais aplatie, je vous en réponds, et privée de tout son venin ! Ma mère, ma pauvre mère ! comme vous avez été trompée, et comme je comprends ce que vous avez souffert ! Et vous ne vouliez rien dire, même à moi, qui d’un mot… Mais enfin je l’ai confessée, cette odieuse femme qui eût mis le désespoir dans mon ménage, si Diane n’était pas un ange du ciel contre lequel les enfers ne prévaudront jamais. Tenez, maman ! soyez donc un peu en colère avec nous, cela vous fera du bien. Madame d’Arglade a vu, n’est-ce pas ? de ses deux yeux vu, mademoiselle de Saint-Geneix, appuyée sur mon bras, traverser au jour naissant le préau de Séval ?