Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/374

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tère, les goûts et la modestie conviennent mieux à mon frère, je n’en peux pas trouver. Vous savez si j’ai désiré qu’il fît un mariage plus brillant. Eh bien ! à présent qu’il est à l’abri de la gêne, grâce à l’ange que voici, qui nous a rendu à tous notre liberté et notre dignité ; à présent que j’ai vu la persistance et l’exaltation de l’attachement de mon frère pour une personne qui est avant tout son amie sérieuse et nécessaire ; depuis enfin que Diane comprend tout cela mieux que moi-même, et m’exhorte à croire que les mariages d’amour sont les bons, je n’ai plus, ma chère mère, qu’une chose à vous dire c’est qu’il faut retrouver Caroline et la bénir avec joie, comme la meilleure amie que vous ayez jamais eue avant ma femme et la meilleure fille que vous puissiez souhaiter après elle.

— Ah ! mes enfants, s’écria la marquise, vous me rendez le bonheur ! Je ne vivais plus depuis cette calomnie. La douleur d’Urbain, l’absence de cette enfant qui m’était chère,… la crainte de brouiller deux frères parfaits l’un pour l’autre en avouant ce que je croyais être vrai, ce que je suis si joyeuse de savoir faux… Ah ! il faut courir après le marquis, après Caroline… Mais où donc, mon Dieu ?… Vous savez où est votre frère ; mais lui, sait-il donc où elle est ?

— Non, il est parti sans le savoir, répondit la duchesse ; mais madame Heudebert le sait.

— Écrivez-lui, chère maman, dites-lui la vérité, et elle la dira aussi.