Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/83

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sistance à vous faire revenir de ces préventions… que vous n’avez peut-être pas, et que, dans tous les cas, il ne mérite que jusqu’à un certain point, je vous engagerais à en parler à ma mère, et à ma mère seulement. Ne me trouvez pas bizarre et indiscret d’oser me permettre de vous donner mon avis : j’ai un tel besoin de voir ma mère heureuse, et je vois si clairement que vous contribuez déjà pour une large part à son bonheur, la société d’une personne d’intelligence et de mérite lui est si nécessaire, et il lui serait peut-être tellement impossible de vous remplacer, que je voudrais, en vous sachant heureuse et satisfaite auprès d’elle, pouvoir me persuader que vous lui êtes attachée pour toujours. Voilà l’unique motif de ma préoccupation.

— Je vous remercie de cette explication, monsieur le marquis, répondit Caroline, et je vous avoue que je comptais bien qu’un jour ou l’autre votre loyauté daignerait me la donner.

— Ma loyauté ?… Mais toute l’explication consiste en ceci : que mon frère est gai, aimable, et que si sa gaieté vous devenait pénible, ma mère, habile à la contenir et possédant sur lui à cet égard un ascendant que je ne puis pas avoir, saurait vous rassurer d’une part, et de l’autre contenir la vivacité des paroles de mon frère dans de justes bornes.

— Oui, oui, nous nous comprenons, reprit Caroline ; mais nous ne sommes pas bien d’accord sur le moyen de remédier à… l’enjouement aimable de M. le