Page:Sand - Le Péché de Monsieur Antoine, Pauline, L’Orco, Calman-Lévy, 18xx, tome 1.djvu/300

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— Merci, Monsieur ! Et avec quoi vivre ? élever des enfants ?

— Sans doute ! il vous faudrait un petit capital. On pourrait vous trouver ça, Galuchet, si votre bonheur en dépendait absolument.

— Monsieur, je ne sais comment répondre à vos civilités, mais…

— Mais quoi ? allons, ne vous grattez pas tant l’oreille, et répondez.

— Monsieur, je n’ose pas.

— Pourquoi donc ? est-ce que nous ne causons pas de bonne amitié ?

— J’en suis sensiblement touché, reprit Galuchet, mais…

— Mais enfin, vous m’impatientez. Parlez donc !

— Eh bien, monsieur, quand vous devriez encore me traiter d’imbécile, je vous dirai mon sentiment. C’est que M. Émile fait la cour à cette demoiselle.

— Vous croyez ? dit M. Cardonnet feignant la surprise.

— Si monsieur n’en a pas connaissance, je serais fâché d’occasionner du désagrément entre lui et son fils.

— C’est donc un bruit qui court ?

— Je ne sais pas si on en parle, je ne m’arrête guère à écouter les propos ; mais moi, j’ai très bien remarqué que M. Émile allait fort souvent à Châteaubrun.

— Qu’est-ce que cela prouve ?

— C’est comme monsieur voudra, et cela m’est fort égal. C’était seulement pour dire que si j’avais quelque idée d’épouser une demoiselle, je ne serais pas bien aise d’arriver en second.

— Je le conçois. Mais il y a peu d’apparence que mon fils fasse sérieusement la cour à une jeune personne qu’il ne voudrait ni ne pourrait épouser. Mon fils a des senti-