Page:Sand - Le Secrétaire intime — Mattéa — La Vallée noire, 1884.djvu/240

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que je cherche la Thébaïde. Alors elle pleurait et tombait dans de longues réflexions sur cette Thébaïde qu’elle ne se figurait guère plus éloignée que Trieste ou Padoue, et qu’elle songeait à gagner à pied avec quelques sequins, fruit des épargnes de toute sa vie.

Toute autre qu’elle eût songé à se sauver dans un couvent, refuge ordinaire, en ce temps-là, des filles coupables ou désolées. Mais elle avait une invincible méfiance et une espèce de haine pour tout ce qui portait un habit religieux. Son confesseur l’avait trahie dans de soi-disant bonnes intentions en discourant avec sa mère et de la confession reçue et de la pénitence fructueuse à imposer. Mattea le savait, et, forcée de retourner vers lui, elle avait eu la fermeté de refuser et la pénitence et l’absolution. Menacée par le confesseur, elle l’avait menacé à son tour d’aller se jeter aux pieds du patriarche et de lui tout déclarer. C’était une menace qu’elle n’aurait point exécutée, car la pauvre opprimée eût craint de trouver dans le patriarche lui-même un oppresseur plus puissant  ; mais elle avait réussi à effrayer le prêtre, et depuis ce temps le secret de sa confession avait été respecté.

Mattea, s’imaginant que toute nonne ou prêtre à qui elle aurait recours, bien loin de prendre sa défense, la livrerait à sa mère et rendrait sa chaîne plus pesante, repoussait non-seulement l’idée d’implorer de telles gens, mais encore celle de fuir. Elle chassait vite ce projet dans la singulière crainte de le faire échouer en étant forcée de s’en confesser, et, par une sorte de jésuitisme naturel aux âmes féminines, elle se persuadait n’avoir eu que d’involontaires velléités de fuite, tandis qu’elle conservait solide et intacte dans je ne sais quel repli caché de son cœur la volonté de partir à la première occasion.

Elle eût pu chercher dans les offres ou seulement dans