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pelle pas un mot, mais il dut être fort plaisant, car il nous fit beaucoup rire, et nous demandâmes tout de suite des figurines peintes et une scène pour les faire mouvoir.

Ce théâtre se composa d’un léger châssis garni d’indienne à ramages et de sept acteurs taillés dans une souche de tilleul, M. Guignol, Pierrot, Purpurin, Combrillo, Isabelle, della Spada capitan, Arbaït gendarme et un monstre vert. Je réclame la confection du monstre dont la vaste gueule, destinée à engloutir Pierrot, fut formée d’une paire de pantoufles doublées de rouge, et le corps d’une manche de satin bleuâtre. Si bien que ce monstre, qui existe encore et qui n’a cessé de porter le nom de monstre vert, a toujours été bleu. Le public nombreux qui depuis l’a vu fonctionner, ne s’en est jamais aperçu.

On joua des féeries, les deux jeunes artistes, habitués déjà à l’improvisation, furent si comiques que les deux spectateurs, à l’unanimité, les engagèrent à augmenter la troupe et à soigner le décor. Ils répondirent que le théâtre était trop petit et ne comportait qu’une paire de coulisses et une toile de fond. On verrait l’année suivante.