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des joûtes et des tournois dans la proportion voulue, ramener en un instant ces personnages agrandis sur la scène, faire passer des éléphants, des chameaux et des chevaux, des tigres, des loups et des lions, simuler une chasse, imiter à lui seul toutes les voix, tous les airs, tous les bruits, avec une mise au point parfaite, même les convois de chemins de fer avec leurs sifflements et le souffle haletant de la chaudière. Une multitude de petits objets accrochés autour de lui dans la partie au théâtre où il se tient debout (il castello, terme consacré) lui servent à donner à ces bruits accessoires une vérité surprenante. Timbres de plusieurs calibres, gongs, sifflets, trompettes, cor de chasse, pluie, vent, tonnerre, grêle, chants d’oiseaux, grelots, roulement de voitures, vagues qui déferlent, tout est rendu à point et rien n’est omis. L’intensité des sons a été étudiée pour ne pas rompre la proportion qui doit exister entre ce petit monde fictif et les bruits qui s’y produisent. Un trop fort roulement de voiture ou de tonnerre écraserait le décor et les personnages. L’harmonie savamment établie dans tous ces détails produit un phénomène auquel aucun spectateur n’échappe. Au lever du rideau comme à l’apparition des premiers