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seignements, il les plaçait au-dessus de lui-même. Ces gens-là, disait-il, savent ce que l’on ne nous apprend jamais, ce que nous ne trouvons qu’après de longs tâtonnements et bien des jours de désespoir. Nous nous battons contre la vérité avant de la saisir, et eux, sans en chercher si long, ils y arrivent par la science exacte de leur art.

Delacroix, je m’en souviens, allait plus loin encore. Il avait pour les papiers peints dont on décore les appartements, une admiration enfantine, et je l’ai vu s’extasier devant des scènes militaires reproduisant des tableaux connus, sur des papiers de salles d’auberge ou de cabaret. Devant ces reliefs habilement enlevés et ces rudes effets si simplement obtenus, il s’écriait que ces copies naïves étaient plus savantes et plus dans les lois de l’art vrai, que les tableaux qu’elles reproduisent. À un certain point de vue, il avait raison. Je l’ai vu, chez nous, faire des bouquets de fleurs, les arranger à sa guise et les peindre hardiment et largement pour en saisir les tons et en comprendre ce qu’il appelait l’architecture. Cet homme du monde si fin, si réservé, si porté à railler les artistes exubé-